MUSIQUE
The white stripes there is no home for you here

- Je t'ai! … Pas. Et merde!
Je me relevais, une fois de plus, cette petite bête m'avait échapper, vous savez, une petite libellule inoffensive cherchant à vivre en paix dans des zones marécageuses, pensant trouver la paix alors que des débiles comme moi viennent perturber. Vêtue d'une simple robe à fleur, j'emmerdais mon monde magique niveau... Niveau rien du tout en fait. Mon monde n'avait rien de magique. Je m'efforçais juste de le rendre comme je le voulais. J'avais pris l'habitude de draguer tout ce qui bougeait, de tout prendre – ou presque – avec le sourire. Et oui, je draguais même les filles. Parce que mon côté féminin drague des hommes car je les aimes, mais le fait que mon père m'ait appris à draguer des femmes et à les traiter comme des objets me pousse à les draguer bien souvent, et sans m'en rendre compte.
Mes tongues s'enfonçaient dans le sol, super. Je reculais jusqu'au banc, le seul endroit à peut près stable de ces lieux sinistres mais pourtant magnifique. J'étais un espèce d'hermaphrodite en fait, mi homme, mi femme. J'étais plutôt du genre à être courageuse, à ne pas me laisser terrifier par les autres ou par des situations, j'avais des réactions d'homme. J'aimais tous les films d'horreur. Les regarder seule? Pas de problèmes. J'aimais les lieux sinistres, j'aimais les défis. Oui, j'ai été une femme dans un corps d'homme, je suis maintenant un homme dans un corps de femme, mais je suis bien, je suis bien mieux en femme. Je m'assois, j'inspire cette odeur spéciale qui émane du lieu. Mes yeux se ferment, je me concentre sur mes autres sens. Mes doigts triturent ma robe, faisant crisser le tissus dans un bruit de papier. Mes oreilles sont attirées par les bruits des insectes et de la légère brise s'amusant avec mes cheveux. L'odeur n'est pas descriptible. Et puis quoi encore? Je vais pas vous raconter le gout que j'ai dans la bouche! Non mais oh! Tu l'as vu celui-là?! J'ouvre les yeux, d'après la position du soleil, il doit être environs trois heures de l'après-midi. Je regarde ma montre, bingo, elle affiche quinze heures et cinq minutes. J'entends des bruits de pas, quelqu'un s'approche tout doucement de moi. Enfin un peu de compagnie.

Ne pas être chez elle, dans son petit appartement tranquille la perturbait. Le bruit de la circulation, celui de l’eau qui goutte au robinet lui manquait. Aussi étrange que cela puisse paraitre, elle s’y été habitué. Ne voulant pas passer pour une folle, elle n’avait pas essayé de trafiquer le robinet de la salle de bain mais elle y avait drôlement pensé. Afin de ne pas dégrader inutilement le bâtiment déjà en ruine, elle décida de quitter la chambre, sans oublier de prendre de quoi s’occuper. Ainsi, elle prit sous le bras un petit carnet avec son stylo et un livre. Il y avait pas mal de personnes ici mais elle avait un peu l’impression d’être dans un monde parallèle. C’était vraiment étrange de tous les rencontrer, de dépasser l’écran. Mais elle n’avait pas encore eu de mauvaises surprises et était assez contente pour l’instant. En sortant, elle fut contente d’avoir enfilé une simple robe car la chaleur était de mise. Elle accueillit avec plaisir le soleil sur sa peau et fit le tour de la propriété tout en rêvassant. Elle aimait beaucoup ses instants de tranquillité, de bonheur solitaire, comme si de petits rien suffisaient à lui faire plaisir. En revenant devant la maison, elle aperçut la jeune femme brune de l’autre jour. En réalité, elle hésita à aller à sa rencontre. Le premier jour ne s’était pas vraiment bien passé et elle ne voyait pas trop comment rattraper le coup … Mais savoir qu’au final elles étaient sans doute pareilles la décida à tenter sa chance et elle s’approcha sans bruit de la jeune femme. Elle était jolie, ses cheveux auburn s’accordaient très bien avec son visage pale. Enfin arrivé, elle s’assoie sur le banc sans rien dire et pose ses affaires par terre. Gênée dans les entourloupes, elle se contente de prendre le soleil sans vraiment savoir quoi dire. Un bonjour serait de mise non ? Ou peut-être directement entrer dans le vif du sujet ? Ou partir en courant ? Non, la première décision est toujours la bonne.

« Bonjour. »

Elle faillit ajouter quelque chose à propos du temps mais se retint, n’ayant jamais été très forte avec les banalités.

« Désolée pour l’autre jour … »

Autant ne pas se faire d’ennemis tout juste arriver. Ne préférant pas revivre sa désastreuse enfance, elle préféra clarifier les choses directement histoire de ne pas laisser cette gêne s’installer.

« Au fait moi c’est Joana. Enchantée. »

Elle lui sourit avant de regarder à nouveau devant elle, son visage offert au soleil.

La personne qui s'approchait tout doucement de moi se décida enfin à s'assoir à mes côtés. Même si je n'aimais pas qu'on s'incruste comme ça, j'appréciais le fait qu'elle se soit décidée à venir. Pourtant elle ne me regardait pas, elle ne daignait pas me parler. On aurait crut qu'elle faisait comme si elle ne m'avait pas vu. Je pivotais ma tête un peu vers elle, attendant d'elle qu'elle me voit, qu'elle daigne au moins me dire "Bonjour". Je trouvais ça puéril. Puis je reconnu la jeune fille qui m'avait brusquée alors qu'elle cherchait sa valise. Tu m'étonne qu'elle ne me parle pas! Soit elle me déteste et j'ai signé mon arrêt de mort, soit elle essaye de faire comme si rien ne c'était passé, dans les deux cas, je n'aimais pas l'ambiance qui régnait. Puis elle réagit un peu, tourna la tête vers moi et me gratifia enfin d'une parole.
- Bonjour, me dit-elle sur un ton doux et mélodieux que je ne connaissais que trop.
- Bonjour, lui répondis-je d'un ton monocorde, n'attendant pas grand chose en retour.
Je n'avais que trop l'habitude de la voix douce des femmes lorsqu'elles attendent quelque chose, j'en connaissais plus sur les femmes que sur les hommes. A vrai dire, j'avais été plongé dans l'univers des femmes, mon père préférant me voir avec de belles femmes accrochées à mon bras plutôt qu'avec des amis à rire. Peut-être est-ce pour ça que je ne voulais plus être un homme? Peut-être que cet univers totalement féminin m'avait poussé vers l'extrême tandis que je ne pouvais m'amuser comme un homme. J'étais un bel homme d'ailleurs, je n'avais pas de problèmes pour attirer les femmes vers moi, elles tombaient toute seules dans mes bras. Souvent des filles extrêmement plastique. Je me surprenais quelque fois à avoir une blonde à forte poitrine collée à moi, écrasant ses seins contre mon torse tandis qu'elle me disait que je ressemblais à un dieu, c'est dans ces moments là que je levais les yeux vers les gars qui jouaient en face. J'étais privé du jeu masculin, je les enviais et j'avais appris à les regarder, peut-être de trop près. Après tout, c'est mon père qui m'avait mené à ma perte dans le côté féminin. Quelques secondes passèrent, je ne voulais pas engager la conversation avec elle, de peur de me faire une fois de plus refoulée. Je la regardais donc, sans haine ni amour dans mon regard. Je restais attentive. Puis elle ouvrit la bouche et, une fois de plus, m'agressa de sa voix assez guillerette, voix qui me faisait penser aux femmes que je fréquentais.
- Désolée pour l’autre jour …
Elle avait l'air sincère et n'avait pas l'air d'avoir envie de se moquer de moi. Alors je me détendais, me disant qu'on pouvait surement repartir sur de bonnes bases.
- Ce n'est rien.
- Au fait moi c’est Joana. Enchantée, elle me sourit, alors je lui souris à mon tour.
- Moi c'est Hyppolite, enchantée de même.
Lorsque je la vis détourner le regard, je fis de même, posant mes coudes de part et d'autre sur le dossier du banc. Puis je retournais le regard sur elle, elle était très belle, en tant qu'homme, je serais peut-être sorti avec, mais je n'en étais plus un, je n'étais plus obligé de sortir avec des femmes pour le bon plaisir de mon père. Je lui souris, plissant les yeux à cause du soleil.
- Et sur le forum, tu es?
Je lui souris de plus belle.
- Moi je suis Eleonor.