AN' & CORDY         

Vivre dans un manoir aussi grand que celui dans lequel tout le forum Croqu' s'est donné rendez-vous doit être une sacrée chance. Tout cet espace, toutes ces pièces, c'est bien plus que ce que Cordélia a pu connaitre avant. Elle n'était pas arrivée depuis longtemps qu'elle avait déjà entreprit d'examiner chaque recoins de cette immense endroit. Comprenez bien, quand on vit dans la rue depuis quatre ans, même si on accepte sa condition sans broncher, se retrouver dans une vrai maison fait toujours un plaisir immense. Ce matin là, la jeune fille avait donc enfilé l'un de ses habituels sweat assez larges, pour cacher sa poitrine malheureusement visble, d'un bleu ciel très pale et un simple jean. Parfois, quand elle voyait les tenues très stylisées de beaucoup de filles, Cordy se mettait à rêver de ce que ça pourrait être si elle avait la possibilité de porter une robe, ou simplement un vetement qui la mettrait en valeur plutôt que de la cacher. Mais rapidement, l'image d'elle dans la rue lui revenait aux yeux et elle savait que pour vivre heureuse il lui fallait rester ce garçon, certe étrange, mais étonnement respecter.

Dire qu'elle vivait mal avec cette identité serait mentir. Après tout, on ne peut pas dire que Cordélia ait jamais été réellement féminine, mais parfois, l'envie de retrouver la banalité la rattrape. Enfin bref, ne nous lamentons pas, ce n'est pas le but. Je disais donc, ce matin là, une fois habillée, la jeune femme se décida à aller faire un tour dans l'immense parc qui bordait le manoir. Le côté mal entretenu de ce lieu la fit se sentir bien. Ici, elle avait l'impression que l'apparence n'avait pas réellement d'importance. Les gens qu'elle croisait ne semblait pas faire attention à l'environnement mal entretenu dans lequel ils étaient entrain d'évoluer. Ils étaient là parce qu'ils en avaient envie, parce qu'ils l'avaient choisit. Ils décidaient tous de rester pour rencontrer ces gens qui depuis plusieurs mois partageaient leur vie sur un forum. Le problème de Cordélia devait surement être ça. Elle était ravie de découvrir les gens de Croqu' bien sur, sinon elle ne serait jamais venue ! Mais une partie d'elle même était effrayé par tout ce monde. Tout ces gens pouvant potentiellement découvrir qui elle était réellement.

Enfin, c'était bien du genre de Cordy de s'inventer plein de scénario qui ne se réaliseraient surement jamais mais qui lui faisait imaginer toutes les situations, les pires comme les meilleures. Et la jeune femme le savait, quand elle avait cette imagination, il lui fallait l'écrire ou même la dessiner. Elle s'assit donc dans l'herbe défraichie qui semblait souffrir sous chaque pas que quelqu'un pouvait entreprendre. Sortant d'une de ses poches un carnet, elle se mit à regarder les quelques pages de sa BD qu'elle avait sur elle. Pas terrible si vous voulez son avis. Mais en même temps tellement personel que personne ne pourrait réellement comprendre les messages qu'elle cherchait à faire passer par son écrit. Elle s'était installée dans un endroit calme. Les piallements de quelques oiseaux arrivaient à ses oreilles quand elle se mit à se dessiner assise dans cette même herbe. Si elle avait eu des crayons, elle l'aurait rendu jaunatre, mais pour l'instant, elle se contentait d'une ombre grise.

Elle ne mettait plus beaucoup de temps à se dessiner. Etant le personnage principal de sa propre BD, elle avait eu l'occasion de former de nombreuses fois les traits de sa représentation. Aussi, quand elle eu finit, elle forma une grande bulle au dessus de sa tête. "L'herbe jaune me fait penser à la mer. Il parait que le sable est jaune, qu'il n'est pas forcement agréable et pourtant les gens se pose sur lui sans problème. Si je connaissais la mer je pourrais en être sure" Elle soupira alors. S'appretant à recommencer à dessiner, elle s'arreta. Les oiseaux chantaient moins fort et l'herbe grissait. Quelqu'un arrivait. En vitesse elle rangea donc son carnet dans sa poche. Pas question que quelqu'un puisse voir ce qu'elle faisait !

crédit : FoX & coldly january.

La grille de fer forgé s’ouvrit en grinçant, dévoilant à Scarlett un décor figé, comme au théâtre.

Un vent frais suintait sur la cime des arbres, couvrant la plaine d’un manteau vert profond, qui ne laissait transparaître que quelques éclaircies, baignées par un soleil timide. Au loin, le bleu du ciel se fondait dans les eaux pailletées des lacs de montagne, tandis qu’un rapace - une buse peut être - décrivait un cercle majestueux, gagnant refuge dans le creux de la falaise. Au sommet la végétation se raréfiait : un olivier - qui lui apparaissait ici de la taille d’un cactus -, quelques arbustes épars, une bordure de métal blanc, brodée de fils électriques. Contraste ostentatoire de Londres et ses immeubles ultramodernes. Retour aux sources. Scarlett eut un sourire, se remémorant les collines enneigées du terroir natal. Aujourd’hui cette époque de sa vie lui semblait si lointaine que les images s’estompaient dans son esprit, décolorées, mal dégrossies … Comme si tout cela n’avait jamais existé que dans ses rêves. Comme si ses parents n’étaient que de pâles figurines à la retraite, et qu’ils n’avaient plus de rôle à jouer dans le film de son existence. Elle était coincée entre deux mondes qui n’avaient rien de semblable, et qui, malgré tous ses efforts, ne pourrait jamais s’accorder l’un l’autre. D’un côté, il y avait son ancienne vie, dans cette campagne reculée du centre de la France. De l’autre, il y avait la tante, le salon Angel Hair, sa vie londonienne à la Darliiiiing sauce Cherry Coke. Et là, maintenant, il y avait ce manoir, titanesque bâtisse du XIX ème qui la mettait mal à l’aise. Un entre deux mondes.

Qui devait elle être ici ?

Scarlett inspira une bouffée d’air frais, parfumée de feuilles mortes : ça sentait bon l’automne. Quelque part au dessus de sa tête, un corbeau cria, sonore, avant de fondre dans l’épais feuillage, telle une silhouette étrange et difforme.

Métamorphose.
Troc de peau.

Sofia … Tout est plus simple pour Sofia.

Une silhouette au loin, qui se découpe dans la clarté du jour. Un masculin – féminin, un personnage de BD, esquisse de crayon gras, terne. Scarlett fit un pas en avant, camouflée par le concert de fleurs gelées qui jonchait le sol de terre battue, molle, presque boueuse. L’androgyne était assis sur un roc de pierre brut, simple d’apparât. Il avait dans les yeux cette lueur exquise et lointaine qu’ont les artistes lorsqu’ils accordent leurs violons. Scarlett esquissa l’ombre d’un sourire, reconnaissant l’homme qui faisait battre ses Rps, les soirs où tout allait pour le pis. Cordy jouait son meilleur ami pour le meilleur et pour le pire.

Dans un léger bruissement, la jeune femme s’approcha, les joues pourpres. Oh, elle n’était pas déçue. Il avait cet air qu’elle s’était imaginée. Vêtu d’une simplicité déconcertante, il faisait tâche dans ce décor de surenchère, cruellement imparfait sur une toile de maître. Elle se retint de lui sauter au cou, se contentant d’une formule un peu gauche, qui se voulait avenante.

- Hey … Cordy ? C’est Scarlett … Enfin je veux dire Sofia ! Tu dessines ?

Visiblement, elle tombait mal. Le jeune homme rangea son livre dans une poche de son jean, assez large pour y cacher un éléphant. Malaise. Il fallait rattraper le coup et vite, avant qu’elle ne gâche tout à fait ces retrouvailles au rabais.

- Hum … Désolée, je … Je ne voulais pas te déranger …

HJ/ Désolée j'avais pas des masses d'inspi Zut ! Je me rattrape au prochain miss, c'est promis. Je suis naze =)

Ses grands yeux sombres se mirent à regarder autour d'elle quand elle entendit une voix qu'elle avait encore du mal à reconnaitre. Si la jolie blonde qui se tenait devant elle lui avait envoyé un MP elle n'aurait eu aucun mal à la reconnaitre en un instant. Mais cette voix, bien qu'agréable, représentait une nouveauté étonnante. Sofia, ou surement le personnage le plus important dans la vie d'Automn son personnage sur Croqu'. Lorsqu'elle la vit, là devant elle, Cordy eu l'impression de retrouver une vielle connaissance, comme si elles avaient grandit toutes les deux côte à côte. Il faut dire que depuis qu'elles avaient définit un lien au départ banal, les jeunes filles, ou plutôt elle et lui, avait eu le temps de faire connaissance. Cordy la regarda un instant, dessinant un sourire sur son visage. Oui, elle était heureuse de la voir, même si la première impression qu'elle avait donné ne semblait pas être celle là. Sentant pourtant un léger malaise, Cordy se releva et se rapprocha de Scarlet qu'elle enlaca d'une étreinte amicale en lachant une fois détachée

- Scarlett ! Ca me fait réellement plaisir de te voir ! Je suis désolé pour ça, dit-elle en montrant le roc sur lequelle elle se tenait quelques secondes auparavant, mais j'ai du mal à montrer aux autres ce que je dessine. Mais tu ne me dérange pas. Loin de là ...

Ce n'était pas dans les habitudes de Cordy que de serrer les gens dans ses bras. Elle avait toujours cette crainte stupide qu'un contact pourrait dévoiller aux autres sa véritable nature. Mais ce geste lui était venu spontanemment. Comme pour se convaincre qu'elle était bien en présence de la vraie Sofia et non plus d'un simple avatar. Par chance, Cordy était plutôt du genre sociable, elle ne s'imaginait même pas l'enfer que ça aurait été si en plus de devoir se cacher, elle avait en plus eu la peur de parler aux gens qui l'entourent. Reprenant tout de même son caractère masculin dans le rôle qu'elle connaissait par coeur aujourd'hui, elle attrapa la main de Scarlett et la fit s'asseoir là où elle était assise juste avant. Et puis il se posa au près d'elle sans réellement faire attention à ce sur quoi il s'asseyait. Simplement, son regard fut attiré par une tache blanche au contraste étonnant sur cette herbe aussi disgracieuse. Une petite fleur. C'était ça la beauté de la vie pour Cordy, quelque chose de pur et d'inocent capable de s'adapter à n'importe qu'elle situation.

Elle se tourna finalement vers Scarlett, plongeant son regard dans le sien. Quel étrange sentiment que de se retrouver avec elle ici. Mais rapidemment, elle détourna les yeux. Il était clair qu'elle ne pouvait pas se permettre de se laisser trop regarder. Quelqu'un qui l'aurait observé de trop près se serait forcement rendu compte de son identitée. Toujours ce stupide dileme. Laissant échapé un rire fasse à la situation dans laquelle elle se trouvait, elle finit par parler calmement d'une voix qui se voulait grave mais qui sonnait plutôt aigue.

- C'est plutôt étrange de se retrouver ici non ? Combien de fois on a pu discuter tout les deux par internet et aujourd'hui nous voilà assis ensemble. Les deux meilleurs amis ! Je trouve ça dingue cette idée qu'ils ont eu. Depuis le temps que je suis sur des rp' c'est la première fois que ça m'arrive. Comment vas-tu Sofia ? ajouta-t-elle en se retournant un instant vers elle. A moins que tu ne préfère Scarlett.

Elle sourit. Demander à quelqu'un que l'on connait depuis des mois comment il souhaite qu'on l'appelle. Avouez que ça ne se vit pas tout les jours. Et, délicatement, elle cueillit la fleur qui dépassait de cette herbe jaunatre et la déposa entre les doigts de la jeune fille. Ne dit on pas qu'un homme se doit d'offrir des fleurs ?

HJ : T'inquiète pas, au début c'est normal, on a pas encore de sujet passionant à dévelloper ^^ Mais ça va venir (a)